En mai, nous vous avons parlé du projet vie sociale et partagée : chaque maison a créé un projet pour favoriser l’entraide et rompre l’isolement. Pour certains il s’agit de faire un voyage, pour d’autres il s’agit de créer une fresque sur un mur. Prendre des décisions à plusieurs, co-construire un projet qui convient à tous et donner une voix à chacun est un défi de tous les instants. Quelles ont été les difficultés ? Comment ont-elles été surmontées ?

Quelles ont été les difficultés rencontrées pendant le choix du projet ?

Susciter l’intérêt de tout le monde, c’est un des premiers défis qu’a rencontré Audrey, la responsable de la maison Oasix : « Au départ, lors des temps de réflexion, je suis arrivée avec des attentes, j’espérais partir avec plein d’idées. Mais au moment de récolter les informations, j’ai eu le premier sentiment que le projet ne leur parlait pas, qu’ils ne souhaitaient pas choisir, que je m’y étais mal prise et qu’ils n’avaient pas forcément compris, etc.»

Côté Malisept, la problématique était surtout liée au temps et à la présence de chacun : « C’était très laborieux de les faire participer et de recueillir leurs idées car ils sont peu présents. Le moment où ils sont tous là c’est le mardi, donc compliqué de trouver du temps pour parler des projets. »

Une autre difficulté s'était ajoutée, celle de la concentration : «C’était compliqué d’avoir leur attention et de les faire se concentrer. Dès qu’il faut faire un truc formel, c’est difficile pour eux. »

Pour la maison Grand8, les difficultés étaient plus légères : « Nous avons eu moins de difficultés car le projet de la fresque est ressorti d’office. On aime beaucoup le bricolage et la peinture, donc rapidement ils se sont dit : “Ce mur n'est pas beau, on pourrait le repeindre.” »

Comment prendre une décision à plusieurs et résoudre les difficultés ?

Comment les responsables de maison ont agi pour créer une dynamique, trouver des compromis et susciter de l’intérêt ?

Au moment de l’élaboration du projet, les habitants se sont posés la question suivante : « Mais comment on va organiser tout ça ? Avec quel argent ? Qui va organiser cela ? ». Avant d’avoir eu le temps de répondre, une des personnes a proposé quelque chose de pertinent à l’Oasix : « Mais moi je peux vous aider, je pourrais être animateur ».

La maison a donc décidé ensemble de nommer Timothée comme co-animateur de ce projet avec Audrey, la responsable de maison. Il aura pour rôle de co-animer les réunions, une fois par mois, avec Audrey. Puis pour répondre à la question du budget, une personne s’est proposée pour faire les comptes afin de pouvoir mieux organiser les sorties. Ainsi a été nommée Lucia pour assurer la mission de comptable avec l’animatrice. Le fait que les habitants ont nommé des personnes avec des missions spécifiques permet de les rendre acteurs de leur projet et de les intéresser.

Côté Malisept, pour répondre à cette problématique de temps et de présence, Jessica a décidé de choisir un moment-clé pour parler de ce projet : « On choisissait donc le moment du repas pour en discuter. »

Mais comment capter l’attention de ceux qui ne se sentent pas concernés ou qui n’ont pas d’idée ? Pour pallier ce défi, Jessica a usé d’une technique bien pensée : « On a utilisé des images pour les ramener à des souvenirs. On a utilisé des photos d’activité du passé pour faciliter l’échange. Ce procédé a donné une autre dynamique au projet. Ils étaient plus motivés. »

Construire un projet à plusieurs est un véritable challenge : parvenir à prendre une décision qui satisfait tout le monde, éviter les frustrations, faire en sorte que chacun puisse s’exprimer, etc. Mais c’est un beau challenge où la notion de co-construction et compromis prennent tout leur sens.

Par Laura Demmerlé