Bientraitance et protection des personnes vulnérables : L’Arche s’engage
Bientraitance et protection des personnes vulnérables : L’Arche s’engage
Comment créer un environnement sûr ? Comment faire en sorte que tout se passe bien dans les maisons ? Comment libérer la parole sur la maltraitance ? Ce sont toutes ces questions auxquelles Axel, salarié de L’Arche, et Aline, responsable du Grand 8, ont voulu obtenir des réponses lors d’une session nationale organisée par L’Arche en France.
3 jours auprès de 26 communautés
Direction Orsay ! C’est là-bas que Axel et Aline ont retrouvé les responsables de 26 autres communautés (sur les 39 que compte L’Arche en France).
Trois jours d’immersion sur un thème des plus importants : la prévention des abus et la protection des personnes vulnérables.
“On a parlé de la protection des personnes handicapées, mais aussi des volontaires, bénévoles, salariés, etc. On a redéfini les termes de la maltraitance et de la bientraitance.”
Axel explique que la maltraitance est exercée sur une personne vulnérable et dépendante. Contrairement à l’abus, un terme qui s’adresse aux personnes sans handicap et indépendantes.
"On a assisté à des temps d’information sur les différents types de maltraitance (physique ou psychologique), les lois qui les encadrent, la déclaration de maltraitance, ce qu’est la bientraitance, sur la maltraitance dans le quotidien.” ajoute Axel.
Parfois, sans forcément s’en rendre compte, on peut effectuer des actions qui sont considérées comme de la maltraitance. Bien sûr, il y a différents degrés de maltraitance, comme Axel nous l’explique : “par exemple entrer dans la salle de bain sans toquer, imposer un régime à quelqu’un, faire à la place de l’autre, etc. Cela peut paraître anodin et normal, mais mis bout à bout, cela peut être considéré comme de la maltraitance.”
Un autre aspect intéressant a été abordé : la notion de maltraitance dans les autres pays. Effectivement, en France la maltraitance est encadrée par des lois précises, mais dans les autres pays qui n’ont pas les mêmes lois, cela se passe comment ?
“On n’a pas les mêmes lois partout, mais on essaye d’avoir des règles en commun au sein de L’Arche pour qu’on soit sur la même longueur d’onde. Cela nous questionne sur notre façon de faire et ça permet de créer une culture positive et un environnement sûr.” conclut Axel.
“C’est un sujet difficile mais ça fait du bien de l’aborder” : le ressenti post-conférence
Pour Aline et Axel, cette conférence était à la fois difficile et bénéfique. C’est un sujet sensible et cela peut remettre beaucoup de choses en questions : notre mode de fonctionnement, notre système de pensée, etc.
Aline voit cela comme une remise en question : “J’ai beaucoup aimé les rencontres et les interventions. Je suis d’abord repartie en me disant “C’est un sujet lourd ! Comment on va faire ? Qu’est-ce qu’on va mettre en place ? Qu’est-ce qui a déjà été fait ?” et finalement, en m’y repenchant dessus une semaine après, je me suis dit que ça faisait du bien d’aborder ce sujet. On essaye de faire de notre mieux et on veut s’améliorer. Ça permet de me requestionner, de ne pas prendre les choses pour acquis, d’être à l’écoute et de me demander où sont les limites. Et surtout, on veut donner la parole aux victimes. Il faut casser le silence.”
Aline ajoute d’ailleurs qu’il existe un numéro dédié à la lutte contre les maltraitances envers les personnes âgées et les adultes en situation de handicap : le 3977.
Axel rejoint Aline sur son ressenti, mais aussi sur la gestion des problèmes : “On sait que des problèmes, on continuera d’en avoir, mais ce qui est important c’est de travailler pour qu’il y en ait moins et des moins graves. Il faut travailler pour que les choses soient dites et pour que ça se passe mieux. Parfois, on a peur de parler car on craint d’être vu comme un “cafteur”, mais il faut démonter les mythes autour du signalement et ce que ça implique. Cela n’aura pas d’impact négatif si on signale. Il faut le faire. Cela m’a aussi mis en lumière ce qu’on peut faire ou pas. Parfois dans le travail, on a l’impression d’être dans le flou, donc cette conférence m’a guidée pour faire mieux collectivement et personnellement.
À L’Arche à Strasbourg, nous avons intégré une session de formation et de sensibilisation sur la protection et la maltraitance dans le parcours de formation initiale pour nos équipes. Nous avons mis en place un code de conduite qui exprime nos valeurs et les comportements non acceptés, par exemple la violence physique ou verbale. Ce code de conduite doit être respecté par tout le monde, les personnes sans ou avec handicap, pour que chacun s’engage aux mêmes règles. Toutes les communautés de L'Arche dans le monde appliquent ce même code de conduite afin de partager les mêmes valeurs à travers la fédération.
C’est un premier pas pour une vie partagée où chacun se sent en sécurité. Au-delà des règles communes, ce qui est plus important c'est qu'on soit à l’écoute des besoins et des difficultés des uns et des autres. Une culture de protection commence avec les relations de confiance et un geste professionnel de l’écoute.